Rarement un compositeur de l'importance de Varèse aura laissé un si maigre catalogue. C'est qu'en plus d'avoir détruit la plupart de ses oeuvres de jeunesse, qu'il estimait insatisfaisantes, Varèse a traversé une longue période de silence entre son retour à New-York en 1934 et le début des années 50.
Après avoir quitté le cercle de ses amis parisiens où Jean Cocteau occupe une place de choix, Varèse avait tenté de poursuivre ses expérimentations à la recherche de nouvelles formes sonores. Sa rencontre avec l'ingénieur russe Léon Thérémine, réfugié en Amérique pour échapper aux brutalités du régime communiste, lui avait ouvert de nouveaux horizons : Thérémine travaille alors sur l'instrument éponyme, le premier instrument électronique de l'histoire, qu'il cherche à perfectionner. L'enlèvement de l'ingénieur par les services secrets soviétiques met une fin abrupte à cette collaboration alors que son instrument révolutionnaire n'est pas encore dans un état satisfaisant. Sa disparition laisse Varèse dans une impasse dont il mettra du temps à sortir. La pièce Ecuatorial qui comprend deux thérémines dans son effectif sera ré-écrite plus tard pour ondes Martenot.
Après la fin de la guerre, la technique évolue assez vite. Dans les années 50, Varèse entre en relation avec Pierre Schaeffer et son Groupe de Recherches Musicales. En 1954 sa pièce Déserts pour orchestre et bande magnétique crée l'événement, pour ne pas dire le scandale. C'est un remue-ménage dont la scène parisienne a le secret, digne de la fameuse création du Sacre du Printemps en 1913. Il publiera encore le Poème électronique en 1958, une oeuvre purement électroacoustique qui fera référence dans l'histoire de de l'acousmatique.
Edgar Varèse s'éteint ce 6 novembre 1965 à New-York, nous laissant un catalogue restreint mais incontournable. Son oeuvre marquera nombre de compositeurs de la dernière moitié du siècle, parmi lesquels on citera presque au hasard des gens aussi différents que Pierre Boulez, Iannis Xenakis, Frank Zappa, John Zorn ou André Jolivet.