Rebecca Clarke est aujourd'hui à peu près oubliée, sauf des altistes évidemment : sa Sonate pour alto et piano de 1919 figure parmi les classiques de leur répertoire. Le fait qu'elle ait à peu près cessé de composer après le début des années 40 y est pour beaucoup. D'un naturel effacé, Clarke n'a jamais réussi à s'imposer sur la scène musicale malgré de beaux succès dont celui de la sonate citée plus haut. Son style, plus expérimental à ses débuts, s'est aussi progressivement assagi à une époque où au contraire les compositeurs rivalisaient d'audace et d'insolence au risque, parfois, de d'être plus compris par personne.
La trajectoire de Clarke la conduit de l'impressionisme debussyste de sa jeunesse à une forme de néo-classicisme où s'insinuent cependant des harmonies subtiles, pas toujours si classiques, mais qui n'en jettent pas pas assez, comme on dit, pour être facilement vendables. Toujours est-il qu'elle se fait de plus en plus discrète, cessant même de composer dans la dernière partie de sa vie. Elle s'éteint ce 13 octobre 1979 à New-York, nous laissant un catalogue malheureusement assez peu enregistré, essentiellement tourné vers la musique de chambre, où l'alto occupe naturellement une belle place même si ses dernières oeuvres sont dédiées au piano et au chant. God Made a Tree, pour soprano et piano (1954) fait partie de ce dernier cycle créatif.